Actualités adaptogènes : lancements, études et marché (7–13 avril 2025)

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Mathieu Leclerc
23 avril 2025
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Adaptogènes : l’actualité de la semaine du 7 au 13 avril 2025

Les adaptogènes – ces plantes, racines et champignons réputés aider l’organisme à s’adapter au stress – ont fait l’objet de nombreuses actualités entre le 7 et le 13 avril 2025. Cette semaine a été marquée par le lancement de nouveaux produits riches en adaptogènes, la publication d’études scientifiques confirmant leurs bienfaits potentiels, des mouvements stratégiques de l’industrie du bien-être, ainsi que des débats réglementaires vifs en Europe.

Lancements de nouveaux produits adaptogènes

Nouvelles études scientifiques sur les adaptogènes

Les résultats d’une étude clinique notable sur les adaptogènes ont été rendus publics cette semaine. Publiée dans le Journal of Menopausal Medicine, elle s’intéresse aux effets de deux plantes adaptogènes majeures – l’ashwagandha (Withania somnifera) et le shatavari (Asparagus racemosus) – sur la santé de femmes ménopausées. L’essai randomisé contrôlé (123 participantes sur 24 semaines) a comparé des suppléments quotidiens d’ashwagandha (marque Sensoril, standardisé) et de shatavari (fournis par Natreon, filiale de Kerry Group) à un placebo (Ashwagandha and shatavari reduce menopause symptoms).

Les conclusions sont prometteuses : la supplémentation a atténué divers symptômes de la ménopause et amélioré la qualité de vie des participantes (Ashwagandha and shatavari reduce menopause symptoms). En particulier, des doses élevées d’ashwagandha ont montré les bénéfices les plus marqués. L’ashwagandha a significativement réduit le stress oxydatif et l’inflammation et amélioré des marqueurs cardiovasculaires et osseux par rapport au shatavari. Par exemple, à 500 mg/jour d’ashwagandha, on a observé la plus forte diminution d’un marqueur de résorption osseuse et la plus grande augmentation de densité minérale osseuse lombaire après 24 semaines. Sur le plan des symptômes, l’ashwagandha a surpassé le shatavari à dose égale, notamment pour les aspects psychologiques et physiques du bien-être (anxiété, fatigue, bouffées de chaleur, etc.). Aucune synergie particulière n’a été notée en combinant les deux plantes, l’ashwagandha seul semblant le plus efficace.

Les auteurs soulignent que ces adaptogènes pourraient constituer une stratégie naturelle et sûre pour améliorer le confort des femmes post-ménopausées. Ils appellent toutefois à poursuivre les recherches sur des échantillons plus larges et diversifiés. Ce travail, financé par le groupe Kerry, illustre l’intérêt scientifique croissant pour valider par des données cliniques les usages traditionnels des plantes adaptogènes.

Tendances de marché et initiatives de l’industrie

Le marché des adaptogènes poursuit son expansion mondiale, porté par la vogue du naturel et la quête de bien-être holistique. D’après un nouveau rapport sectoriel, le marché global des produits adaptogènes (toutes catégories confondues) pourrait atteindre ~17,38 milliards USD en 2030, contre ~12,88 milliards estimés en 2025 (Analysis of the $12.8 Billion Adaptogens Industry,). Cela représenterait un taux de croissance annuel composé d’environ 6 %, reflétant l’adoption grandissante de ces ingrédients par le grand public. Les consommateurs, de plus en plus éduqués sur les bienfaits attribués à ces plantes « anti-stress », sont enclins à payer plus cher pour des aliments, boissons ou compléments à valeur fonctionnelle ajoutée (Why adaptogens are being added to low sugar beverages for wellness appeal – EssFeed).

Cette tendance est particulièrement tirée par l’Asie-Pacifique, berceau historique de nombreux adaptogènes. Des pays comme l’Inde et la Chine, grands producteurs de plantes médicinales, encouragent activement ce secteur (par exemple via le Ministère AYUSH dédié aux médecines traditionnelles en Inde). Parallèlement, en Occident, l’engouement pour la gestion du stress, le soutien de l’immunité et les alternatives naturelles dope la demande en ginseng, ashwagandha, rhodiole et autres remèdes ancestraux. Le segment spécifique des boissons adaptogènes illustre bien cette convergence du bien-être et de la nutrition : on estime que le marché des boissons fonctionnelles aux adaptogènes pourrait approcher 2,7 milliards USD d’ici 2030, avec une croissance annuelle autour de 8 % (What Are Adaptogens-and Do They Actually Work?).

Les grands groupes de l’agroalimentaire et des boissons investissent eux aussi ce créneau pour répondre aux attentes des consommateurs. Plusieurs multinationales ont récemment lancé des produits mettant en vedette des adaptogènes, signe de la mainstreamisation de ces ingrédients autrefois de niche. Par exemple, Coca-Cola a introduit aux États-Unis une ligne de eaux pétillantes fonctionnelles sous sa marque AHA, enrichies en adaptogènes pour un effet détente et bien-être. De son côté, PepsiCo a annoncé une version de Gatorade Zero (sa boisson pour sportifs sans sucres) intégrant des extraits adaptogènes censés aider à la récupération et à la gestion du stress chez les athlètes. Ces initiatives s’ajoutent à celles de nombreuses marques spécialisées (kombuchas aux herbes, cafés « mushroom », élixirs sans alcool, etc.), créant une offre foisonnante de produits « anti-stress » sur le marché des boissons et aliments santé.

Selon les analystes, cet engouement s’explique par un double levier. D’une part, les adaptogènes confèrent un avantage marketing différenciant aux produits, en phase avec la demande de naturalité et de performance santé. D’autre part, ils permettent d’adresser la problématique du stress chronique, omniprésent dans la vie moderne, avec une solution perçue comme plus douce que les médicaments. Les entreprises capitalisent donc sur le filon en innovant à tour de bras. On peut s’attendre à voir encore davantage de lancements de produits incorporant des adaptogènes dans les mois à venir, tant le filon du « food as medicine » semble porteur.

Évolutions réglementaires et positions institutionnelles

Si les adaptogènes connaissent un succès commercial, ils font parallèlement l’objet d’évaluations réglementaires et de débats sur leur sécurité. Cette semaine, l’ashwagandha – l’une des plantes adaptogènes les plus en vue – a cristallisé les discussions en Europe. En effet, plusieurs pays européens ont récemment émis des mises en garde sanitaires concernant l’ashwagandha, invoquant des risques potentiels (effets sur la thyroïde, propriétés abortives supposées, etc.). Le Danemark est même allé jusqu’à interdire purement et simplement cette plante en 2020, une première en Occident (Ashwagandha experts mobilize to protect access in face of safety warnings). Ces restrictions s’appuient sur des interprétations de publications anciennes, mais la communauté scientifique conteste la validité de ces alertes.

Lors de l’International Conference on the Science of Botanicals (ICSB), grand colloque tenu du 7 au 10 avril 2025 à l’Université du Mississippi, des experts mondiaux de l’ashwagandha ont pris la parole pour défendre la plante. Ils estiment que les craintes des régulateurs européens sont « infondées » et proviennent d’une mauvaise lecture de monographies anciennes. En particulier, un rapport de l’OMS en 2009 mentionnait qu’à très forte dose l’ashwagandha pourrait être abortif, s’appuyant lui-même sur une source de 2000. Or, comme l’a rappelé le Dr Thomas Brendler lors de la conférence, cette information isolée ne reflète pas l’usage réel : traditionnellement, au contraire, l’ashwagandha est utilisé en Ayurveda pour prévenir les fausses couches et soutenir la grossesse, et aucun praticien interrogé n’a constaté d’effet abortif en clinique.

Face à ce qu’ils considèrent comme un quiproquo réglementaire, les spécialistes mobilisent des données probantes. En juillet 2024, l’American Herbal Pharmacopoeia avait déjà publié une mise au point affirmant sans ambiguïté que « l’ashwagandha ne présente pas de risque abortif ». Durant l’ICSB 2025, chercheurs, industriels et représentants d’agences (notamment d’Inde, d’Europe et des États-Unis) ont tenu une session spéciale pour trouver une issue scientifique et préserver l’accès à cette plante adaptogène pluri-millénaire ( Global Experts Gather in Oxford for Annual Botanicals Conference | Ole Miss ). L’objectif est d’éviter que des restrictions excessives ne se propagent en Europe sur la base de données obsolètes, alors que l’ashwagandha est globalement reconnu comme non toxique aux doses usuelles.

Ce cas symbolique souligne la nécessité d’un cadre réglementaire harmonisé pour les adaptogènes, fondé sur les dernières évidences scientifiques. D’un côté, les autorités veulent s’assurer de l’innocuité pour le public (d’où des postures de précaution lorsqu’une incertitude existe). De l’autre, les partisans des médecines naturelles plaident pour une évaluation contextualisée tenant compte de l’historique d’utilisation et des recherches récentes. L’ashwagandha n’est pas un cas isolé : ginseng, rhodiole, schizandra et consorts pourraient eux aussi faire l’objet d’examens accrus à mesure que leur popularité augmente. Les prochains mois verront sans doute se poursuivre le dialogue entre scientifiques, industriels et régulateurs afin de concilier innovation en nutrition-santé et protection des consommateurs.

En résumé, la semaine du 7-13 avril 2025 témoigne de l’essor multidimensionnel des adaptogènes. Nouveaux produits grand public, investissement de géants de l’alimentation, confirmation de bienfaits via des études cliniques, mais aussi vigilance des instances de santé – tous ces éléments montrent que les adaptogènes s’imposent comme un phénomène durable. Professionnels de la santé, experts en nutrition et consommateurs avertis suivent de près ces développements. Entre engouement du marché et nécessité de preuves scientifiques solides, l’équilibre reste à trouver pour que ces « plantes anti-stress » réalisent pleinement leurs promesses dans un cadre sécurisé.

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À propos de Mathieu Leclerc – L’Alchimiste du Café
Mathieu, expert passionné en cafés rares et élixirs enrichis, explore le monde pour révéler des boissons uniques et revitalisantes. À travers ses récits poétiques et sensoriels sur Evolveats.com, il vous invite à transformer chaque tasse en une aventure gustative exceptionnelle. Prêt à déguster autrement ?
Fondateur, MintAvocado
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